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Le nouvel opus de Miléna Babin l Évelyne l’enfant-placard
Premier ouvrage jeunesse de Miléna Babin, auteure de fictions pour adultes, entre autres Les fantômes fument en cachette et L’étrange odeur du safran, cet album aborde habilement la thématique du secret. Quand la plume brillante d’une jeune auteure met au jour les sombres secrets d’une vieille petite fille…
La nouvelle élève de la classe fait un peu peur. Si jeune, et si abî-mée par la vie… Son visage a toutes les apparences de celui d’une petite vieille. Seule Mezza a la sensibilité qu’il faut pour percevoir l’odeur de placard dans le sillage de l’énigmatique fillette, si fra-gile qu’elle semble toujours sur le point de s’envoler. Un lien de confiance se tisse entre elles. La force de l’amitié lui permettra-t-elle de se libérer du poids des secrets ? Parfois, il faut oser prendre la main que l’on nous tend.
Sans jamais révéler la nature du secret d’Évelyne, le récit affirme l’importance de se libérer de ce qui nous pèse. Avec son ambiance symbolique et imagée, l’album – magnifié par les illustrations signées Charles-Étienne Brochu, artiste en arts visuels – entraîne le lecteur dans un univers sombre, mais porté par un message lumineux : le poids des secrets, si lourds soient-ils, se porte telle-ment mieux à deux.
Solitaire dans l’âme, Miléna Babin s’entoure de plantes et de félins pour s’adonner à l’écriture de livres et de scénarios. Elle travaille actuellement sur l’adaptation cinématographique de son deuxième roman, L’étrange odeur du safran (Éditions XYZ), lequel a fait partie de la présélection pour le prix France-Québec 2019. Mi-sombre mi-lumineux, Évelyne, l’enfant placard est son premier album pour enfant.
Extrait
Au retour de l’école, elles marchèrent côte à côte sur le trottoir.
Évelyne n’avait toujours prononcé aucun mot.
Lorsque Mezza trouva le courage de lui demander : « D’où viens-tu ? »,
Évelyne était arrivée à destination.
Elle entra dans sa cour et referma la porte derrière elle.
Par une fissure, Mezza insista : « D’où viens-tu ? »
Après un court silence, l’oeil ridé d’Évelyne apparut.
D’un seul coup, Mezza fut catapultée
dans la tête de la jeune fille.
Elle se retrouva au milieu d’une immense
pièce remplie de portes barricadées,
cadenassées ou condamnées, d’où émanait
une forte odeur de renfermé. Sitôt qu’elle
tenta d’ouvrir l’une d’entre elles,
Mezza atterrit sur le trottoir.
Lorsqu’elle se releva,
Évelyne avait disparu.